Afrique  du  Sud : La nation arc-en-ciel

Juin 2008, je sors d'un concert de Johnny Clegg, le zoulou blanc, des rêves plein la tête, dont celui de partir découvrir l'Afrique du Sud!

Mais à cette époque, l’Afrique du Sud est le paria des nations, l’inventeur, depuis 1948,  du plus extrêmes des systèmes ségrégationnistes, au point d’en avoir déposé la marque : « apartheid », le terme signifie « séparation » en afrikaans.

Puis, un jour de 1990, nous avons tous vu les images inimaginables d’un homme déjà âgé, quittant le cachot où il avait croupi vingt-six ans pour s’installer, quatre ans plus tard, au sommet du pouvoir. Incarnation de cette résistance à l'oppression, Nelson Mandela est le premier Noir à accéder à la présidence de la République d'Afrique du Sud.

La « nation-arc-en-ciel », soutenu par l'archevêque anglican Desmond Tutu, est née et représente la réconciliation et la réunion entre les groupes ethniques, culturels, identitaires. Une mystérieuse alchimie nationale qui mêle, après les avoir furieusement séparés, les Blancs et les Noirs longtemps humiliés et aujourd’hui libérés. La portée symbolique de cet événement ne doit toutefois pas masquer la persistance de fortes inégalités sociales entre Blancs et non-Blancs.

Quelques années plus tard, je débarquai en Afrique du Sud!

Dès mon arrivée, après un vol de nuit au départ de Francfort - où l’on peut profiter du temps de transit pour récupérer des Rands, la monnaie Sud Africaine - j’ai su que ce serait un grand voyage.

L'Afrique du Sud bénéficie d'un excellent réseau routier qui offre souvent des points de vue à couper le souffle et dans la plupart des réserves on peut contempler les animaux à bord de son propre véhicule. On y conduit à gauche, toute les agences de location sont présentes dans les principales aérogares et il est très facile de louer une voiture à un endroit et de la rendre à un autre. Ce qui permet de prendre des vols intérieurs sur South African Airways, par exemple, pour gagner un peu de temps car les distances sont longues.

A l’alternance des paysages grandioses de l’intérieur viennent s’ajouter ceux du littoral : plages de sable blanc au calme illusoire et côtes déchiquetées par une mer en furie. La transparence de l’air qui vous laisse l’illusion de la proximité des horizons les plus lointains.

Agressions, criminalité, carjackings, viol… la liste est longue mais concerne rarement des touristes, un peu de bon sens : ne pas exposer des objets de valeurs par exemple, éviter les quartiers dangereux dans les villes et tout devrait bien se passer.

En Afrique du Sud, j’ai aussi rendez-vous avec les différences culturelles et historiques des ethnies qui composent le pays et l'artisanat local qui compte autant de formes que de groupes ethniques. Les N'Debele et les Zoulou comptent parmi les plus connues et les plus importantes d'entre elles. L’accueil est partout le même, inoubliable de gentillesse et de courtoisie.

Le Pila - comme on dit familièrement - est considéré comme le plus beau parc artificiel d'Afrique.

C'est vrai qu'avec ses paysages harmonieux, ouverts et amples, rythmés par des collines et des monts issus d'un immense cratère de volcan éteint, il offre des paysages variés. Toutes les pistes convergent vers le lac Mankwe, véritable cœur de la réserve où se retrouvent régulièrement quelques uns des 8 000 animaux, avec bien sûr, les Big Five (les cinq gros) et les Magnificient Seven (les sept magnifiques)...

Le Rhinocéros  Blancs, tout droit sorti de la préhistoire, est l'un des plus grands animaux terrestre, plus imposant que le rhinocéros noir, il se distingue également par sa tête très allongée, sa large bouche carrée et une grosse bosse sur le dessus du cou.

D'un naturel paisible, il ne dédaigne pas s'aventurer sur les pistes et les routes... il tolère la présence des véhicules… à condition de lui céder le passage.

Impressionnant !

De bon matin, il n’y a pas grand monde dans la réserve.

Pourtant une file de voiture commence à s’agglutiner au loin.  Le point de ralliement : un Springbok mâle pose pour la plus grande fierté des Sud Africains. « Les Springboks » est le surnom de leur équipe national de rugby.

Le singe Vervets est un joli singe au visage noir, à la queue aussi longue que le corps et aux testicules bleus turquoise (pour les mâles !) est sociable et familier, surtout s'il y a de la nourriture en jeu... un peu voleur quand même !

Spatules  d'Afrique ; Héron  Garde-bœuf ; Héron  pourpré ; Héron  cendré ; Anhinga  Roux 

Choucador à épaulettes rouges ; Gonolek rouge et noir ; Vanneau armé ; Martin-pêcheur ; Bulbuls  à  tête  noire (passereaux) ; Rollier à front blanc ;

Oie  d'Egypte ; Pintades  casquées

Cette ethnie a réussi à gagner son autonomie et à faire vivre un art qui mêle peinture et architecture. Si les hommes construisent les maisons, ce sont les femmes qui se distinguent par leur talent d'artiste. Selon leur imagination et leur inspiration elles représentent des formes géométriques mystérieuses et abstraites aux couleurs éclatantes sur les murs de « l'umuzi » traditionnel - ensemble clos d'habitations. 

Les femmes Ndebele sont aussi réputées pour leurs vêtements et bijoux colorés : pagnes, colliers de perles et anneaux autour du cou et des chevilles.

Les pluies abondantes qui arrosent les reliefs granitiques alimentent de très nombreuses cascades. Rendant possible la plantation de pins et d'eucalyptus ainsi que le développement de l'exploitation forestière.

Dans un bel environnement, les « Berlin Falls » s’infiltrent dans un canal avant de dévaler d'une hauteur de 80 m.

Tout aussi spectaculaire, les « Lisbon Falls » tombent de 92 m dans un bassin naturel, dans une région où les mineurs nommaient les sites d'après leurs villes d'origine.

Les spectaculaires marmites de géants « Bourke’s Luck Potholes ».

Les galets et le sable charriés par les eaux tourbillonnantes des rivières Blyde et Treur ont formé dans la roche ses cavités aux formes fascinantes.

Sentiers et ponts conduisent à des points de vue offrants une excellente perspective sur les multiples formes et nuances des marmites – attraction (très) touristique (très) connue.

Le pont sur la rivière Olifants, près du Restcamp du même nom,  offre une des plus belles vues du parc, un panorama grandiose sur le bush et la rivière.

C'est également un des meilleurs spots pour profiter du coucher du soleil, un des rares endroits où il est autorisé, à ses risques et périls, de sortir de voiture.

Une aubaine pour le photographe qui peut utiliser un trépied !

Mais c'est toujours pareil, les bons coins, t'es jamais seul à les connaitre... Un sympathique babouin était au rendez-vous deux soirs de suite. Un connaisseur !

Crocodile  du  Nil

&

Crocodile africains à museau étroit

Girafe

Calao à bec rouge

&

Calao à bec jaune

Buffle

Grand  Koudou

Gnou

Malgré son allures de gros balourd, l'Hippopotames  amphibies, ce sous-marin en forme de grosse barrique à courtes pattes est vif et peut être agressif.

Il est responsable du plus grand nombre d'accidents mortels d'humains. Méfiance !

Hippopotame

Autruche

Hyène  tachetée

Léopard

Impala

Vautours  d'Afrique

&

Marabout

Aigle  Africain

&

Aigle  pêcheur  d'Afrique

Oiseau  secrétaire

&

Oiseau terrestre

Steenboks

Cobe à croissant

Phacochère

Albert, le chef du village Swazi d'Ezulwini, très attaché aux traditions de son pays, se montre un hôte remarquable de gentillesse et de générosité.

La visite du village et le spectacle très coloré de danses swazis accompagnés de ses commentaires avisés sont des souvenirs indélébiles.

On compare souvent le Swaziland à une Suisse noire : paysages somptueux de montagne, forêts, douceur de vivre... gentillesse légendaire des habitants... absence de problème de sécurité... on en oublierait le quotidien des Swazis.

Un tiers de la population vit de l'aide alimentaire et si la majorité échappe au paludisme, elle n'échappe pas au sida, c'est le taux de prévalence le plus élevé au monde.

Une Suisse sans montres ni banques !

Pique-Boeuf

Buffle

Babouin Chacma

Lycaon

Girafe

Cigogne  épiscopale

Le village traditionnel Dumazulu compte une cinquantaine de résidents formant une sorte de musée vivant des traditions zoulous. Son nom signifie « Zoulou Tonnant » et c'est le seul village de ce type à être approuvé par le roi des zoulous, Sa Majesté Goodwill Zwelithini, garant de son authenticité.

Les résidents expliquent les procédés de fabrication des lances, des paniers et des bijoux. Mpumi, la sangoma de la tribu - docteur - traite les maladies à l'aide d'ossements d'animaux et de médicaments naturels.

Fancy, une vraie zoulou, ayant un parent dans la communauté me permet de découvrir de bonne heure le matin, certes, mais en dehors de toute présence touristique, le village avec ses huttes tribales construites en formation circulaire, la richesse incomparable de l'artisanat zoulou et d'essayer de me familiariser avec la langue à clics (faisant appel à des claquements de langue bien distincts)... Pas facile !

Malgré de belles vagues, il y a plus de pêcheurs que de surfeurs et si la concurrence est rude, la pêche est bonne pour Mordecaï.

Le chic du chic, pour un Afrikaner de la région, passer son dimanche sur la plage face à l'océan, un verre de bon vin Sud-Africain à portée de la main !

Hippopotame

Rhinocéros noir

Je séjourne au Lalapanzii Guest House, un bb enfouie dans un magnifique jardin tropical et peuplé de nombreux oiseaux dont certains s'invitent au petit déjeuner.

Charlene, la charmante maitresse de maison, raconte volontiers comment elle a retrouvé un hippo dans la piscine. Encombrant !

Nyala

Cobe à croissants

Quelques heures de libre avant de s'envoler vers l'autre Afrique du Sud c'est un peu court pour découvrir une ville mais suffisant pour faire de belles rencontres.

Si Durban est le plus grand port du pays, c'est aussi (surtout !) une des premières stations balnéaires d'Afrique du Sud. Le front de mer, surnommé le « Golden Mile », jouit d'un climat exceptionnel toute l'année. Dans la journée, l'animation bat son plein et surfeurs, marchands, parcs d'attractions ou artistes comme Jabu et Aman se partagent les faveurs des touristes.

La péninsule Robberg est à la fois monument national, réserve naturelle et zone maritime protégée.

Sur 3 km de long, un sentier longe les falaises et permet de découvrir des paysages de toute beauté, des parois rocheuses déchiquetées et superbes, de larges et longues plages battues par les flots et quand on arrive à la pointe de la péninsule on peut observer une colonie d'otaries du cap et les entendre aboyer.

La beauté du lagon, la tranquillité de ses rives contraste avec l'océan en furie.

Il s'agit plutôt d'une lagune marécageuse, ouverte sur l'océan par une passe qui est l'une des huit plus dangereuses du monde. Certains bateaux restent parfois longtemps coincés dans la baie ou à l'extérieur !

Du haut des falaises, la vue sur « The Heads », l'embouchure du lagon dans l'océan indien est saisissante et surtout on commence à capter cette lumière extraordinaire qui fait la réputation du Cap.

La garden route est un circuit touristique très agréable à faire et Mossel Bay est une des villes qui la jalonnent. Rien d’extraordinaire à voir, mais on y est bien et la vie s’y écoule tranquillement.

La grande attraction de Mossel Bay reste la mer. Ici, on vient chercher LA vague, vêtus de noir (la tête, les mains et les pieds restent blancs) et une planche de surf sous le bras.

De Mossel Bay jusqu'à Oudtshoorn, capitale autoproclamée de l'élevage d'autruches, des terres disponibles à la végétation rase, un sol propice à la culture de la luzerne et de nombreuses rivières pour l'irrigation permirent à une quantité impressionnante de fermes de s'établir.

Ce n'est, bien sur, pas par soucis de préserver la biodiversité que l'élevage à commencer mais parce que la chasse avait réduit le nombre des volatiles à la vitesse... d'une autruche au galop ! Si les plumes sont à l'origine du marché maintenant on sert l'autruche en steaks. Pas mauvais d'ailleurs !

Le Cap l'Agulhas constitue le point le plus au méridionale du continent Sud-Africain car, contrairement à ce qui est généralement admis, le Cap de Bonne-Espérance n'est pas la pointe la plus australe de l'Afrique. Voilà, c'est dit !

Sans doute, cette approximation est-elle du au fait que l'environnement n'est pas à la hauteur de l'importance symbolique du lieu où se rencontrent l'océan Indien et l'océan Atlantique.

Franschhoek signifie le « coin français ». De 1688 à 1690, deux cents Huguenots français fuyant les persécutions religieuses, débarquent dans la région avec des pieds de vigne dans leur valise. Plus de trois siècles plus tard, la renommée mondiale du nectar montre la réussite de ce pari audacieux.

Le nom des propriétés, et ceux inscrits sur les pierres tombales du petit cimetière abritant les ancêtres des habitants, sont quasiment tous d'origine française.

Tous les panneaux du Huguenot Memorial Museum sont traduits en français et le Huguenot Monument, où une femme symbolisant la liberté de culte se tient debout sur un globe au niveau de la France, montrent la fierté non dissimulée des descendants.

Le port Victoria & Waterfront sont devenus un des hauts lieux de Cape Town. Un quartier ou les bâtiments à l’architecture de style hollandais et moderne se mélangent à merveille. C’est un quartier entièrement rénové et flambant neuf avec ses galeries commerciales modernes, ses restaurants, ses boutiques de souvenirs…

Très touristique évidemment mais une petite ballade s'impose ne serait-ce que pour le cadre fabuleux dominée par la célèbre Table Mountain, l'immanquable tour de l'horloge datant de 1882 et les statues à taille humaine des quatre principaux protagonistes de la liberté en Afrique du Sud.

Facilement accessible en voiture Signal Hill offre un panorama époustouflant. C'est le rendez-vous favori des habitants pour admirer le coucher du soleil sur l'océan. Je prends !

La première partie de la visite consiste en un tour de l'île en bus afin de découvrir le village et ses principaux monuments, et un arrêt à la carrière de pierre à chaux où les prisonniers politiques travaillaient huit heures par jour.

Ensuite, un ancien détenu politique, Thulani, conduit la visite de la prison, où étaient détenus les principaux leaders politiques de l’ANC (Congrès National Africain, principal parti d’opposition) militant pour une démocratie multiraciale et le respect des droits de l’homme pour tous.

Puis la visite s'achève sur ses mots : « Voilà l'enfer de Robben Island. Merci d'être venus le voir, merci surtout de nous avoir soutenus et de nous avoir aidés à sortir d'ici. » Applaudissements spontanés des participants.

C'est sans doute ici qu'on mesure que la « Nation arc-en-ciel » symbolisée par le drapeau de la nouvelle Afrique du Sud est un bel idéal qui reste à bâtir sur les décombres d’un passé tourmenté.

Hout Bay est une petite ville au creux d'une grande baie et une belle masse rocheuse, dressée en à-pic et qui tombe dans la mer, le Sentinel.

Mais ce qui attire les touristes ici, c'est avant tout la balade en bateau vers Duiker Island, qui abrite une importante colonie d'otaries du Cap.

Du coup succès populaire oblige, la viré au Mariner's Wharf, qui rappelle Fischerman's Wharf à San Francisco, est sympathique et vivante.

L'itinéraire, qui part du phare de Green Point, le quartier résidentiel du Cap, longe l'atlantique jusqu'à Chapmans Peak drive, une route spectaculaire creusée dans la montagne, offre des vues à couper le souffle sur la côte et l’océan Atlantique avant de basculer sur l'autre versant de la péninsule du Cap pour arriver à Muizenberg.

Une ancienne station balnéaire, jadis prisée, qui n'a rien d'autre à offrir qu'une belle plage de sable blanc, des cabines multicolores et cette lumière éblouissante du matin près de la péninsule du Cap. Il y a pire !

Une importante colonie de Manchots du Cap s’est établie tout près de SimonsTown, et ils ont choisi la plus belle plage du coin : Boulders Beach.

Menacée d'extinction à la fin du XXe siècle, la colonie est aujourd'hui bien protégée. Des passerelles en bois permettent d'accéder au plus près et d'observer dans d'excellentes conditions ces animaux fort sympathiques. On peut voir des petits qui n'ont pas encore la robe noir et blanche et les facéties rigolotes des adultes. Tout ce beau monde ne semble pas affecté par les visiteurs qui les regardent. A moins que ce ne soit l'inverse.

Un peu plus loin, une autre plage propice à la baignade et ouverte au public, est très appréciée des manchots qui viennent y nager et y pique-niquer...

Et il n'est pas rare de partager quelques brasses avec eux. Rapide les bougres !

Le Cap de Bonne Espérance, un cap mythique, une destination de bout du monde, un paysage sauvage battu par les vents. Il sera dépassé la première fois par le navigateur portugais Bartolomeu Dias en 1488.

Le Cap se trouve au cœur d’une très belle réserve sauvage de 7 750 hectares qui abrite de nombreux animaux : antilopes, autruches, otaries… et babouins.

Se rendre à la pointe extrême de l'Afrique, Cape Point, est une visite inoubliable. En parcourant l'étroit sentier jusqu'à la vue plongeante sur le superbe éperon rocheux en contrebas, c'est chose faite... le bout du bout !

Face à face avec l'immensité de l’océan atlantique dont les eaux conduisent droit à l’antarctique. Derrière, c’est toute l’Afrique qui nous regarde !

Aucun doute, c'est la fin du voyage.